Trouver sa voie : Gare aux mirages !

À l’ère du post-Covid, la reconversion professionnelle est à la mode. Les médias s’en font abondamment l’écho en diffusant pléthore de reportages ventant la réussite de super diplômés qui ont tout lâché pour devenir maraicher, fromager, céramiste, boucher, restaurateur, coutelier… Sans parler des influenceurs qui foulent les plages du monde d’un pied léger et le sourire aux lèvres ! Notre propos n’est pas de vous faire renoncer à vos rêves, mais plutôt de vous aider à envisager votre avenir lucidement - loin des clichés ! Gardez toujours à l’esprit que votre nouvelle activité doit vous rémunérer. Rien de tel pour se confronter à la réalité ! Aussi, pour y voir clair et trouver votre voie, suivez nos conseils. 


I – LES SIGNES QUI NE TROMPENT PAS :

Pourquoi partir et quand partir ? Est-ce un coup de blues passager ou une profonde envie de changement ? 

Dans toute histoire de reconversion, il existe un moment clé, une sorte de déclic qui fait que tout bascule et que l’incertitude laisse la place à la conviction. De nombreuses raisons peuvent provoquer une prise de conscience, débouchant sur une décision, conduisant à la rupture avec votre milieu professionnel. 

a) Un brutal changement de contexte :

- Le remplacement d’une équipe de collaborateurs et/ou de votre manager.

- L’arrivée d’un nouveau venu qui pourrait très bien vous remplacer.

- Le rachat de votre entreprise par un nouvel actionnaire.

- La pression familiale née d’un événement imprévu (maladie, déménagement…)

- Un secteur économique en perte de vitesse et/ou soumis à une concurrence de plus en plus forte.

- Des mutations technologiques qui affectent votre poste de travail.

L’impact de ces modifications se traduit toujours par l’apparition d’un stress qui va crescendo. Soyez également attentif à certains points qui montrent que le temps est venu de changer de job.

b) Les signes que vous faites du surplace : 

- Votre carrière n’évolue plus depuis 3 à 5 ans et votre salaire stagne.

- Vos supérieurs ne reconnaissent pas la qualité de votre travail, ni de votre engagement. Vous avez la sensation de dépenser votre énergie pour rien.

- L’ennui, généré par la répétition des tâches, a fini par vous laminer.

- Vous avez le sentiment de ne pas être à votre place.

- Vous aspirez à plus d’autonomie et de liberté : le « costume taillé pour vous » est devenu trop étroit.

- Vous n’apprenez plus rien depuis longtemps et les formations que l’on vous propose ne renouvellent pas votre intérêt.

- Vous ne croyez plus dans la mission, les produits ou les services de votre entreprise.

- Vous subissez un management de la pression. On vous surcharge de missions.

- Vous n’êtes plus sur la même longueur d’ondes que votre hiérarchie et le conflit se profile. 

Si en plus, votre conjoint, vos enfants ou vos amis vous répètent à longueur de journée: « Ça n’a pas l’air d’aller fort au boulot ! », « Je t’ai connu plus épanoui.e ! » « Qu’est-ce que tu peux être grognon ! » Ecoutez-les ! À ce stade, deux cas de figure se présentent : ou vous avez déjà une idée de ce que vous voulez faire ; ou vous êtes complètement dans le vague.


II – JE SAIS CE QUE JE VEUX FAIRE : 

Vous avez une vocation « rentrée » depuis votre plus jeune âge ou vous songez régulièrement à exercer une activité « passion » dont les contours demeurent cependant flous. Savoir ce que l’on veut faire peut être une chance… ou pas ! Surtout si le métier convoité est dans l’air du temps. Vous ne seriez pas le premier à nourrir des chimères. Aussi, pour déchirer le voile des illusions, il est utile de rappeler quelques (dures) réalités :

- Les métiers du Bien-Être : professeur de yoga, sophrologue, enseignant de gym douce (type Pilates), méditation de pleine conscience… ont le vent en poupe. Deux mises en garde cependant : ces métiers n’étant pas réglementés, il va falloir dénicher la formation la plus sérieuse possible, dans la jungle des propositions. Quant à la viabilité économique, elle repose essentiellement sur un gros travail de prospection commerciale pour vous constituer une clientèle. Par exemple, sous statut auto-entrepreneur, avec une dizaine de cours par semaine, vous pouvez espérer dégager un salaire moyen de 1.600 euros par mois. Est-ce suffisant pour vous ?

 - L’artisanat d’art : si l’image d’un potier ou d’un céramiste est sympathique et séduisante, n’oubliez jamais que la principale difficulté consiste à vendre des produits qui ne sont pas indispensables. Ce n’est pas parce que vos créations vous plaisent qu’elles séduiront forcément le public. Votre production doit aussi tenir compte des tendances annuelles de l’univers de la décoration. La bonne question à se poser : combien de pièces devrais-je vendre pour assurer un revenu mensuel, en tenant compte des charges et de la fiscalité ? Á titre indicatif, le revenu moyen annuel d’un céramiste est de 10.250 €.

- Les nouveaux cuisiniers à la mode « Top Chef » : dans ce cas, ce sont les conditions de travail qui posent un réel problème avec des horaires souvent incompatibles avec une vie de famille, sans parler de la pression et du stress vécus au quotidien dans les brigades. Vous aurez souvent l’impression de vous donner à fond pour un salaire qui n’est pas à la hauteur de votre engagement. De plus, il faudra faire preuve de diplomatie avec des clients toujours plus exigeants. C’est parfois frustrant !

Si la solution du food-truck semble une alternative envisageable pour conquérir votre liberté, elle exige un investissement compris entre 30 000€ et 60 000 € pour l’achat d’un camion convenablement équipé. Question rentabilité, il vous faudra oublier les 35 heures par semaine et fournir des prestations le soir et le week-end, pour dégager un revenu suffisant. Côté créativité, il y aussi matière à redire : d’expérience, il est difficile d’échapper au menu « burger-frites-bagels » réclamé par les clients.

Faut-il renoncer à ses rêves pour autant ? Pas du tout ! Mais il est bon d’agir en connaissance de cause, en menant une enquête de métier approfondie, en suivant des formations, puis en vous testant dans les conditions réelles, avant de vous lâcher des deux mains. Il sera toujours temps de réajuster le tir - au lieu d’attendre trois ans avant de jeter l’éponge, parce que vous n’arrivez toujours pas à vous rémunérer, malgré tous vos efforts.


III – JE N’AI PAS D’IDEE PRECISE : 

Ce n’est peut-être pas plus mal… Pour vous, la reconversion devient une aventure débarrassée des lieux communs, des préjugés, des influences et de la réalité fantasmée. Ainsi allégé.e, vous êtes en condition pour débuter un vrai travail sur vous dont le but est de trouver votre voie professionnelle, bien loin des chemins tout tracés. 

1. Utiliser ses expériences négatives : si vous ne savez pas encore ce que vous voulez faire, vous savez forcément ce que vous ne voulez plus faire. « Je déteste les chiffres », « devant un écran toute la journée, ce n’est plus possible !», « j’en ai assez des jobs qui n’ont aucun sens pour moi… » Une reconversion va vous offrir l’opportunité de ne pas reproduire deux fois les mêmes erreurs.

2. Penser large, à l’écoute de son cœur : prenez le temps de réfléchir pour vous connecter à votre moi profond. C'est l'occasion de vous souvenir de vos rêves d’enfants (comment imaginiez-vous alors votre vie d’adulte ?) et de vos envies laissées à l’abandon. Le moment est venu de construire un projet dont vous êtes le centre. 

3. Choisir un secteur porteur : toujours dans un souci de réalisme, renseignez-vous sur les secteurs d’activités et les métiers qui pourraient vous convenir. Identifiez les entreprises qui embauchent dans la zone géographique qui vous convient. Pesez le pour et le contre, estimez les risques (notamment financiers)

Rapidement, vous atteindrez les limites de cette auto-analyse. Lorsque vous « tournerez en rond », songez au Bilan de Compétences pour rompre l’isolement. Vous bénéficierez d’un accompagnement dont l’objectif est double : 

• Parfaire votre connaissance de vous-même (valeurs, centre d’intérêt, savoir-faire, compétences transversales ou personnelles…) et vous aider à choisir un métier qui vous correspond (comprendre les réalités du marché de l’emploi).

• Vous donner les clés afin de préparer et réussir votre réorientation (notamment par l’élaboration d’un programme de formations adapté).

Une fois votre idée suffisamment précisée et étayée, vous la soumettrez à une épreuve de «vérité » qui décidera… ou non… de sa viabilité, tant du point de vue matériel que financier.


IV – JE VALIDE MON IDEE : 

Certains vous diront : « les erreurs, il vaut mieux les commettre chez les autres que chez vous!» Appliquez à la lettre ce principe plein de sagesse en faisant vos premières armes dans votre futur environnement professionnel. Un stage in situ est une bonne formule pour tester son projet professionnel. Plusieurs dispositifs existent pour se familiariser avec un nouveau métier:  PMSMP (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel) mis en œuvre par Pôle Emploi, stages de découverte proposés par des missions locales pour les jeunes, périodes d’immersion via des plateformes spécialisées…

Outre le fait qu’une formation bien ciblée augmente les chances de décrocher un nouveau travail ou de rester compétitif, elle offre aussi l’opportunité de rencontrer des intervenants professionnels du secteur choisi. C’est l’occasion de leur poser toutes vos questions et d’échanger avec les autres stagiaires. De plus, pendant cette période, vous pourrez anticiper votre recherche d’emploi : en démarchant les entreprises, en vous abonnant aux offres d’emploi sur les réseaux sociaux, en développant votre relationnel.

Ultime conseil ! Si la peur de l’inconnu tend à vous paralyser, ne la laissez pas prendre les commandes de votre vie et faites-vous aider : conseiller référent en évolution professionnelle, coach en transition professionnelle et/ou développement personnel sont à votre écoute pour sécuriser votre parcours étape par étape.


Enfin, la peur n’est pas toujours mauvaise conseillère. Parfois, elle est l’expression d’une lucidité qui met en lumière des carences qu’il vous faudra combler. Donnez-vous le temps d’avancer à votre rythme, sans pression, pour éviter les illusions, l’effet de mode et autres pièges, en leur opposant l’authenticité de votre démarche.